Témoignages

Lors des réunions, chaque participant est invité à s’exprimer librement. Les opinions émises par les participants sont strictement personnelles et ne reflètent que leur propre façon de voir les choses. Deux membres peuvent très bien exprimer des positions différentes sur un même sujet. Seuls les livres et brochures édités par Al-Anon Family Group Headquarters, Virginia Beach, USA, peuvent être considérés comme l’opinion d’Al-Anon.

De la même façon, les témoignages que nous avons publiés sur ce site sont personnels. Vous qui parcourez ce site web, faites comme s’il s’agissait d’une réunion, prenez ce qui vous plaît et laissez tomber le reste !

Témoignage d'Adèle

Étapes, Traditions, Marrainage, Littérature : des outils Al-Anon qui marchent pour moi.

Je croyais devoir tout comprendre, tout analyser. Un jour viendra, je trouverai la bonne méthode, la parole juste, l'action efficace qui obligera mon proche alcoolique à changer, et ma vie deviendra plus simple et contrôlable ! Un jour... moi, moi, moi toute seule !

Mon attention constamment dirigée vers les autres, j'ignore ce que je ressens, ce dont j'ai besoin. Une vie de tension permanente, qui m'a rendue malade physiquement et mentalement.

Après des années de souffrance et de solitude, je me suis souvenue d'Al-Anon. Dès les premières réunions, j'ai demandé à une membre d'être ma marraine et nous avons commencé le "travail des Étapes". Une fois par semaine, nous partageons nos réponses aux questions des livres Al-Anon. Systématiquement, une Étape après l'autre, une question après l'autre. Les Traditions suivent puis les Concepts, avec la même systématique.

Je porte - enfin - mon attention sur mes comportements et mes actions.

Aujourd'hui, les Traditions sont pour moi un outil pratique très important en plus des Étapes et des Concepts, dans toutes les situations, avec encore plus de vigilance lorsqu'un avis de tempête s'annonce.

Je m'en sers pour me poser des questions telles que : quel est mon but ? Je subviens à mes besoins ou je compte sur les autres ? Est-ce que cette situation a à faire avec moi ? Etc.

Avec tous ces outils offerts par le programme Al-Anon, le marrainage, et ma Puissance Supérieure je me sens en sécurité. Je change un jour, un comportement à la fois.

Sortir la tête de l’eau

Je pensais que j’allais devenir folle avec un nouveau-né et un conjoint qui boit de l’alcool tous les soirs, qui s’isole et qui ne se soigne pas. Est-il malade alcoolique ? Je m’isole à mon tour car j’ai honte d’inviter des personnes, j’ai peur de son comportement imprévisible et de moins en moins confiance dans le mien. Je me sens misérable, incomprise, seule au monde. 

A l’époque je lui avais proposé un schéma dégressif pour arrêter de boire. Quand je lui dis pourquoi je ne peux pas continuer avec lui, il reconnait ses difficultés en promettant qu’il fera un effort. Finalement je me convaincs que je ne pourrais pas vivre sans lui et ma peur de le perdre ne cesse de grandir.

Un jour de décembre il y a 4 ans, j’appelle les Alcooliques Anonymes qui m’aiguillent vers Al-Anon. Je découvre un groupe accueillant, encourageant et je sais dès la première réunion que je suis à ma place. Le fait de ne pas être seule à vivre ces expériences déroutantes me rassure et grâce à l’anonymat, j’apprends à explorer mes sentiments et à les partager. 

Petit à petit je comprends que l’alcoolisme est une maladie dégénérative et que je suis codépendante : étonnant miroir. Grâce au groupe et au programme spirituel, je peux ramener les évènements que je vis dans une plus juste perspective. J’apprends à demander de l’aide, à être à l’écoute de ce Dieu d’amour qui sait ce qui est bon pour moi. Certains membres deviennent des amies précieuses.

Aujourd’hui je continue avec plaisir d’aller en réunion quand je peux et je me motive à lire régulièrement de la documentation Al-Anon, ce qui m’aide à me centrer sur moi. Ces outils me guident vers la liberté de mes choix avec sérénité.

 « Un jour à la fois. »

Sylvie 

L'alcoolisme, une maladie

"Quand j’ai commencé à venir aux réunions Al-Anon, j’ai entendu parler de la maladie de l’alcoolisme. Certains participants comparaient cette maladie au diabète. Dans un cas, il s’agit d’une allergie au sucre; dans l’autre, d’une sorte d’allergie à l’alcool. Ils disaient : "On n’en veut pas à un diabétique d’être diabétique. Alors pourquoi en vouloir à quelqu'un qui boit ?"

Je n’arrivais pas à me faire à cette idée. Pour moi, il s’agissait d’un vice, d’une absence de volonté et surtout d’un manque d’amour et d’égards pour moi. Et oui, je croyais que mon fils buvait pour me rendre folle, pour se venger de ce que je ne lui avais pas donné, pour me contrarier. J’avais la folie de croire qu’il buvait contre moi ou à cause de moi.

J’ai mis beaucoup de temps à accepter que mon éducation ou mon amour pour lui n’étaient pas en cause. Petit à petit, j’ai compris qu’il ne pouvait pas s’empêcher de boire et j’ai pu voir sa souffrance. J’ai cessé de le critiquer, de le culpabiliser et j’ai essayé de le traiter en adulte en lui laissant assumer la conséquence de ses actes.

Aujourd'hui mon fils lutte toujours avec cette terrible maladie. Il connaît des périodes d’abstinence dont je suis reconnaissante. Parce que j’ai cessé de me sentir responsable de sa maladie, parce que je le comprends mieux, parce que j’ai cessé de le juger, nos rapports se sont améliorés. Et de cela aussi, je suis reconnaissante."

Janine

Boire, la pointe de l’iceberg

"L’alcoolisme n’affecte pas seulement l’alcoolique sur le plan physique mais aussi sur le plan mental. Boire n’est que la pointe de l’iceberg, autrement dit le symptôme le plus visible. Les alcooliques que j’ai fréquenté - mon père, mon frère et mon mari - partageaient sans le savoir une même façon d’envisager la vie. Tous les trois refusaient de prendre leurs responsabilités : c’était toujours la faute de quelqu'un d’autre. 

Ils étaient toujours la victime de quelque chose ou de quelqu'un. J’ai compris que cela faisait partie de la maladie de l’alcoolisme et j’ai cessé de vouloir leur faire entendre raison. Ils avaient besoin que la société soit contre eux, que les choses aillent mal pour justifier leur consommation d’alcool. À partir de là, bien des disputes ont pu être évitées !"

Anne

Cesser de contrôler la consommation d’alcool

"J’ai compris lors de ma première réunion que contrôler la consommation d’alcool d’un alcoolique est une illusion. Un alcoolique boit parce qu’il a besoin de le faire et il trouvera envers et contre tous le moyen de boire ! C’est aussi vital pour lui que de respirer. Alors plutôt que de passer mon temps à mesurer ce qu’il boit, je peux commencer à utiliser ce temps à des choses plus intéressantes."

Béatrice

La codépendance

"Quand on m’a parlé pour la première fois de ma "maladie", la codépendance, j’ai froncé les sourcils. J’avais déjà de la peine à avaler que ma femme souffrait d’une maladie mais alors moi! Moi qui tenais le bateau, qui payais les factures, qui surveillais. Et si ma maladie, c’était de ne plus savoir m’amuser, de ne plus pouvoir vivre sans l’autre, de faire dépendre mon bonheur de son humeur, de passer mon dimanche à la maison pour être sûr qu’il ne lui arrive rien. Et si ma maladie, c’était d’avoir cessé de vivre et de me détruire lentement par le chagrin et le désespoir ?"

Alain

Répéter toujours la même chose

"La codépendance, c’est faire des centaines de fois la même chose en espérant à chaque fois un résultat différent. J’ai parlé avec l’alcoolique des centaines de fois, je lui ai arraché des promesses, je me suis disputée avec lui, je me suis battue avec lui. Résultat: néant. Aucun changement. Et pourtant, à chaque fois, j’y croyais. À chaque fois, je pensais que j’allais réussir et que cette fois-là était la bonne et qu’il avait compris. C’était ma négation, ma façon de ne pas vouloir regarder le problème en face."

Nicole

La négation

"Aujourd’hui, je ne vis plus avec un alcoolique. Pourtant, certains comportements appris au contact de l’alcoolisme persistent et me font toujours souffrir, notamment ma tendance à nier la réalité. Lorsque quelque chose de grave se passe, je fais comme si je ne le voyais pas. Je me blinde, je me manipule et je prétends que je ne sens rien. Du coup, je n’ai plus aucune capacité d’agir ou de faire face au problème, puisqu’il n’existe pas ! Heureusement, en partageant avec d’autres participants sur ce qui m’arrive, je finis par me rendre compte de ce que je ressens et cela me donne alors la possibilité d’agir en conséquence".

Charlotte

Rester dressée

"Ce que j’aime dans ce programme, c’est sa subtilité. J’ai appris à ne pas provoquer une crise mais j’ai aussi appris à ne pas empêcher qu’une crise se produise ! Avant de connaître Al-Anon, je répondais à toutes les provocations de l’alcoolique. J’ai appris à reconnaître quand l’alcoolique cherchait des excuses pour boire et j’ai cessé de discuter avec lui quand il avait bu. C’était un immense gaspillage de temps – le lendemain, il avait tout oublié et, de plus, cela dégénérait presque toujours en dispute. Néanmoins, si une crise doit se produire, si c’est dans l’ordre normal des choses, je peux aujourd’hui la supporter sans m’effondrer".

Judith

Récits de vie

Témoignage de Jacqueline

Dans mes souvenirs ma maman était plutôt autoritaire et stricte, mon papa calme et effacé. Papa est décédé lorsque j’avais 10 ans, nous laissant maman et moi avec mes deux frères de 8 et 2 ans. Je me suis beaucoup occupée du petit et nous en avons gardé un rapport privilégié.

Maman a rencontré un homme qui était père d’un garçon lorsque j’avais 12 ans. Ils sont venus vivre avec nous. Il avait un gros problème d’alcool et cette relation a beaucoup changé ma mère. Elle ne voyait plus que lui et vivait en fonction de lui. Il prenait toute la place et ma mère n’en avait pas conscience. J’avais l’impression d’être oubliée, de n’être qu’une gêne, pas écoutée. Devenir rapidement autonome était devenu pour moi une priorité. A 18 ans j’avais fini mon apprentissage, je travaillais, j’ai pris un studio et acheté une voiture. J’étais libre !

Je rêvais d’amour et de prince charmant mais je n’arrivais pas à avoir de relations durables. Mes copains avaient tous des problèmes liés à l’alcool et aux drogues, et souvent je pensais que si je faisais tout ce que je pouvais, j’arriverais à les sortir de leurs problèmes, ils m’aimeraient encore plus, etc… en fait ça ne marchait jamais. J’étais toujours déçue et pensais ne pas être assez bien. Ma confiance en moi diminuait, je me jugeais très sévèrement : je me trouvais trop moche, trop nulle ou très conne… toujours dans les excès.

Puis j’ai rencontré mon mari. Il consommait aussi de l’alcool et comme moi il voulait des enfants, mais il voulait le mariage d’abord. J’ai longtemps fait de la résistance au mariage. J’avais terriblement peur que notre relation casse comme toutes les autres auparavant. Je ne voyais pas pourquoi ce serait différent. Finalement nous nous sommes mariés et avons eu deux enfants assez rapidement.

La consommation d’alcool de mon mari s’est aggravée. L’amour entre nous était toujours là mais ne suffisait plus. On se retirait de la vie sociale. J’avais l’impression de foncer dans un mur mais sans savoir comment m’arrêter. J’ai souvent demandé à mon mari de boire moins, il le faisait pour me faire plaisir durant 2 ou 3 jours. On ne se parlait plus que pour les choses de la vie courante. Il y avait toujours plus de non-dits et de frustrations. Je pensais que je contrôlais sa consommation. Je cachais à tout le monde ce qui se passait dans notre famille, j’avais honte et je m’en voulais. Je ne vivais plus qu’en fonction de lui. J’étais bien quand il était bien et mal quand il était mal.

Je voulais le quitter. Ce qui me retenait c’était de ne pas savoir ce qu’il deviendrait sans moi !  Il a reçu un ultimatum au travail et il a choisi de se soigner. Il a été aux Alcooliques Anonymes et moi aux séances Al-Anon, c’est une grande découverte de moi-même qui a commencé.

J’ai pris conscience des dysfonctionnements que l’alcoolisme avait générés jusque dans ma façon d’être, de penser et de vivre. J’ai découvert que je n’étais pas obligée de continuer ainsi, que je pouvais sortir de ce cercle si je voulais m’en donner la peine ! Il fallait que je me prenne en charge et que je laisse à mon mari la responsabilité de régler lui-même ses propres problèmes. J’ai appris que la seule personne que je peux changer c’est moi-même.

Je comprends maintenant que tant que j’ai des attentes envers les autres, je dois accepter le risque d’être déçue. J’apprends à me connaître, à savoir qui je suis. J’essaie de reconstruire mon estime de moi, de trouver un équilibre entre le trop et le pas assez et cela dans tous les domaines de ma vie. Je ne suis ni nulle, ni parfaite, j’apprends à vivre en personne responsable, pour moi, avec les autres et non pour les autres.

Témoignage d’Esther

Esther a 53 ans et vient à Al-Anon depuis trois ans. Malgré plusieurs traitements, son mari n’est pas abstinent.

La honte

Au début de notre mariage, mon mari était drôle et intelligent mais, au fil des années, avec l’alcool, il est devenu ordinaire et même grossier. Il rentrait du boulot et allait se coucher tout de suite. Vers 11 heures du soir, il se levait et allait je ne sais pas où. Il rentrait vers 4h du mat. A 8 heures, il me demandait d’appeler son travail pour dire qu’il était malade. Et, évidemment, moi, je le faisais. Je me sentais mal, j’avais honte mais je ne savais pas quoi faire. Ça vient doucement. Ce n’est pas : "Un jour, tu te réveilles et c’est un autre homme". C’est progressif. Et chaque fois, je cherchais des excuses pour lui, pour moi. C’était plus simple que de regarder notre situation en face.

Contrôler

La honte de ma vie, ça a été d’aller acheter dans un magasin un pichet de 2 décilitres parce que c’est ce que je lui octroyais par soir. Je croyais que je contrôlais quelque chose avec mon pichet alors qu’il m’a avoué plus tard que souvent il avait déjà bu une bouteille de whisky avant de rentrer à la maison.

Grâce à Al-Anon

En participant aux réunions, j’ai appris que j’étais responsable de mon bonheur. Maintenant, quand quelque chose ne va pas, j’ai le courage d’identifier le problème et je me demande ce que je peux changer. Ça a changé complètement ma qualité de vie. Pour la première fois dans ma vie, j’ai pu me dire: "Tu peux penser à toi. C’est normal. C’est bien. Tu n’es pas obligée de toujours mettre les autres devant toi. Tu as le droit de dire non quand ça ne te convient pas et tu as la responsabilité de faire ce que tu veux même si les autres ne le veulent pas."

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